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Technologies émergentes : L’intelligence artificielle, une révolution à saisir

L’évolution effrénée de l’IA laisse peu de temps à la Tunisie pour réagir de manière rapide et stratégique. Le défi consiste à faire en sorte que cette avancée technologique spectaculaire ne se transforme pas en un facteur d’exclusion.

La Presse — Un changement structurel significatif de 22 % sur le marché de l’emploi tunisien est prévu dans les cinq prochaines années, selon la 15e édition du rapport «Future of Jobs» (2025) du Forum économique mondial. Ce changement sera largement porté par les technologies émergentes, en tête desquelles figurent l’intelligence artificielle (IA) et l’apprentissage automatique.

L’enquête «L’avenir de l’emploi : focus sur la Tunisie», réalisée par l’Institut arabe des chefs d’entreprises (Iace) en partenariat avec le Forum économique mondial, met en évidence une forte demande pour des spécialistes en Big Data, IA, cybersécurité, et robotique, ainsi que pour des compétences en leadership, gestion de l’environnement et gestion des talents. À l’inverse, les postes en déclin, révèle l’enquête, concernent principalement des emplois automatisables tels que les ouvriers, comptables et auditeurs.

L’éducation et la formation

Bien que la Tunisie ait été pionnière dans l’adoption de l’internet en Afrique, elle se trouve aujourd’hui confrontée au défi majeur de répondre à l’avènement de l’IA dans un contexte de moyens limités. L’intégration de cette technologie émergente en constante évolution, nécessite une stratégie globale impliquant l’éducation, la formation continue, et un cadre réglementaire adapté.

Introduire des bases en programmation, en mathématiques avancées et en pensée analytique, dès le cycle primaire, permettrait de préparer les jeunes Tunisiens à évoluer dans un monde de plus en plus numérique, à résoudre des problèmes complexes et à participer activement à l’innovation technologique.

Un écosystème technologique et une législation adaptée

Par ailleurs, des investissements publics doivent être réalisés pour financer des programmes de requalification et d’amélioration des compétences des adultes actifs. Le rapport souligne que 55% des entreprises tunisiennes estiment que le financement public pour la formation est crucial pour combler les déficits en compétences.

La création d’une institution étatique dédiée à l’IA pourrait constituer, en outre, une solution efficace pour coordonner les efforts nationaux de manière transversale et intersectorielle et pour attirer les investissements étrangers. Cette structure pourrait collaborer avec les universités et les startups pour développer des solutions innovantes adaptées aux besoins locaux, tout en s’alignant sur les standards internationaux.

Les entreprises interrogées pour les besoins de l’enquête souhaitent également des réformes législatives facilitant le travail à distance et une plus grande flexibilité dans les pratiques d’embauche et de licenciement. L’élaboration d’un cadre réglementaire souple pourrait ainsi accélérer l’intégration des technologies de l’IA par les entreprises tunisiennes.

L’IA comme moteur de croissance et de développement

Si l’on fait ce qu’il faut, l’intelligence artificielle peut transformer l’économie nationale en améliorant la productivité et en créant de nouveaux secteurs d’activité. L’IA peut jouer, par exemple, un rôle majeur dans l’agriculture, notamment en optimisant les rendements agricoles, en gérant efficacement les ressources en eau, et en prévenant les maladies qui touchent les cultures et le cheptel. Dans le secteur de la santé, les systèmes d’IA peuvent améliorer le diagnostic précoce des maladies, réduire les coûts des soins, et optimiser la gestion du secteur pharmaceutique, notamment en structurant l’approvisionnement et le stockage des médicaments. L’industrie, grâce à l’automatisation des processus industriels, pourrait accroître l’efficacité et stimuler la compétitivité des entreprises locales. Quant au tourisme, l’IA pourrait transformer l’expérience des visiteurs en proposant des outils personnalisés tels que des guides virtuels intelligents, des recommandations en temps réel basées sur les préférences des utilisateurs, et des itinéraires sur mesure. Ces quatre secteurs clés sont donnés à titre d’exemple, de nombreux autres peuvent également bénéficier des opportunités offertes par l’IA.

Un potentiel à transformer en réussite durable

D’un autre côté, l’évolution effrénée de l’IA laisse peu de temps à la Tunisie pour réagir de manière rapide et stratégique. Le défi consiste à faire en sorte que cette avancée technologique spectaculaire ne se transforme pas en un facteur d’exclusion. Cela implique non seulement des investissements publics, mais aussi une mobilisation des entreprises privées, des universités, et de la société civile. Alors que la révolution numérique redéfinit les équilibres économiques mondiaux, notre pays a cette opportunité unique de s’affirmer comme un leader régional.

En capitalisant sur son potentiel humain et technologique, le pays peut transformer l’IA en un levier de croissance inclusive, de création d’emplois et de développement durable. Pour ce faire, il est indispensable de définir une feuille de route ambitieuse, reposant sur des politiques publiques cohérentes, des partenariats efficaces et une vision nationale unifiée.

L’intégration de l’IA ne devrait pas se contenter de répondre aux défis, mais de poser également les bases d’un développement durable. La Tunisie pourrait ainsi devenir une référence pour les économies émergentes, en montrant qu’avec une vision claire, des efforts concertés, et des objectifs bien définis, les défis les plus complexes peuvent se transformer en des opportunités de progrès.

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